Plus de 70000 Français pratiquent l’apiculture et une grande majorité de ces apicultrices et de ces apiculteurs sont des amateurs. C’est-à-dire qu’ils gardent quelques ruches dans leur jardin ou sur un terrain qui leur a été prêté. Leur élevage d’abeilles fournit une quantité suffisante de miel pour leur famille, et réserve aussi de bons moments en plein air. Ainsi, il n’est pas étonnant de constater que le nombre de ces éleveurs augmente constamment. Enfin au-delà de l’aspect récréatif de l’apiculture, entretenir des ruches est un engagement pour sauvegarder des abeilles menacées de disparition. Et nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter agir pour notre environnement.
Toutefois, l’apiculture ne se résume pas à poser des ruches dans son jardin et à regarder butiner les abeilles. Car comme tous les animaux, les abeilles ont besoin d’attention et de soins adaptés. Cette méconnaissance des réalités apicoles est à l’origine de la plupart des échecs en apiculture. Cet article propose de prévenir les néophytes en présentant les 3 difficultés en apiculture de loisir. Nous vous souhaitons une bonne lecture.
Table des matières
La peur des piqûres d’abeilles
Les abeilles sont des insectes piqueurs, tout comme les guêpes et les frelons. Leur venin provoque des démangeaisons et un gonflement localisé. Et chez les personnes allergiques, le risque de faire un malaise ou de subir un choc anaphylactique est réel. Ainsi, avant de se lancer en apiculture, il est important de s’assurer que l’on n’est pas allergique au venin des Hyménoptères. Mais que cela est aussi le cas de ses proches, conjoints et enfants.
Il faut donc à juste titre se protéger des piqûres des abeilles. Tout en sachant qu’un jour ou l’autre on se fera piquer. Et que cela devient plus ou moins fréquent en fonction de sa pratique apicole.
Pour réduire les risques de piqûre, il faut revêtir une combinaison intégrale et porter une paire de gants et des bottes. Il faut aussi savoir employer l’enfumoir pour calmer les colonies que l’on vient déranger durant l’ouverture des ruches.
La vidéo suivante montre l’ouverture d’une ruche, comme cela doit se faire plusieurs fois par an pour s’assurer que chaque colonie se porte bien. On comprend bien l’intérêt de se former au préalable, mais aussi d’utiliser des protections adaptées pour se protéger des piqûres d’abeilles.
Les apiculteurs débutants ont tout intérêt à choisir des lignées d’abeilles peu agressives. On conseille souvent la race Buckfast pour se faire la main. Les éleveurs professionnels connaissent bien l’appréhension des débutants et peuvent vous vendre des colonies moins défensives. Toutefois, même les plus douces abeilles peuvent piquer.
En passant par une formation préalable et en faisant les bons choix des équipements, le débutant prend confiance en lui et maîtrise sa peur des piqûres.
Les ravages du frelon asiatique
Le frelon asiatique est un insecte originaire d’Asie orientale. Il a été introduit par inadvertance en France depuis la Chine. Cet insecte que les scientifiques nomment Vespa velutina s’est parfaitement adapté à nos climats tempérés et a rapidement colonisé la quasi-totalité de l’hexagone. Le frelon asiatique a passé les frontières et a continué sa colonisation chez nos voisins européens : Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, Andorre et Portugal.
Chaque année, des espèces exotiques – animaux et végétaux – sont introduites et s’acclimatent sous nos latitudes. C’est une conséquence des échanges commerciaux entre les continents. Mais le cas du frelon asiatique est particulier. En effet, cet insecte est très agressif lorsqu’on s’approche de son nid. Les attaques peuvent causer de graves envenimations et parfois la mort. Chaque année en France, on déplore les décès de personnes allergiques ou non à leur venin.
Le frelon asiatique est aussi un redoutable prédateur des abeilles. Chaque nid de frelons asiatiques a besoin de plusieurs centaines de grammes d’insectes par jour pour survivre. Ainsi, les frelons asiatiques profitent des ruches pour tuer sans mesure les butineuses et les donner à manger à leurs larves. Cette forme de prédation intense réduit le nombre des abeilles ouvrières au sein des colonies attaquées. Mais elle provoque aussi une peur chez les butineuses qui n’osent plus sortir de leur ruche. Sans une main-d’œuvre entièrement opérationnelle, les colonies d’abeilles peuvent mourir de faim, et finissent pillées par les frelons asiatiques.
Pour garder des colonies d’abeilles en bon état, l’apiculteur doit savoir lutter contre le frelon asiatique. Il doit poser des pièges pour capturer des reines et les ouvrières. Il doit aussi tuer les frelons chasseurs, lorsque ces derniers sont trop nombreux à tourner autour de ses ruches. Plusieurs méthodes existent et montrent des degrés d’efficacité variables. Dans tous les cas, les résultats dépendent de la compétence de l’apiculteur.
Les infestations par le varroa
Tout comme le frelon asiatique, le varroa nous vient d’Asie orientale. Il s’agit d’un acarien que les scientifiques nomment Varroa destructor. Le varroa est un parasite discret qui a fait son apparition au début des années 80 en France et en Belgique. Mais qui a rapidement conquis toute l’Europe. Actuellement, il est présent partout sur l’hexagone et tous les apiculteurs sont confrontés à ce problème. Parfois, sans même soupçonner sa présence.
Le varroa est un parasite qui se nourrit en ponctionnant les tissus des abeilles et plus précisément le corps gras et l’hémolymphe. Chaque varroa pique une larve ou une abeille adulte et provoque son affaiblissement. Les abeilles parasitées peuvent présenter des malformations qui les rendent inaptes à butiner. Et bien souvent, leur longévité est nettement diminuée.
Le varroa est aussi un vecteur de nombreux virus qui sont à l’origine de maladies graves chez les abeilles. Le virus le plus connu est celui de la maladie des ailes déformées. Les abeilles qui sont touchées ne peuvent plus voler.
Cet acarien se reproduit dans les alvéoles des rayons de cire, là où les larves d’abeilles se développent. Ainsi durant le printemps et l’été, leur nombre augmente considérablement et les dégâts sur la colonie d’abeilles deviennent de plus en plus importants. Et si l’apiculteur ne fait rien pour réduire cette infestation, ses colonies d’abeilles meurent à l’automne ou durant l’hiver.
Pour éviter de perdre toutes les colonies de son rucher, l’apiculteur – qu’il soit amateur ou professionnel – doit mettre en place des actions de lutte. Mais il doit aussi estimer tout au long de l’année la population des varroas présents dans ses colonies. Car ces acariens sont très discrets et échappent souvent à la vigilance des apiculteurs. Pour en savoir davantage sur le varroa et sur sa biologie, visitez la page suivante https://www.varroa-destructor.fr/biologie/
Pour quantifier la population des varroas et savoir si l’on dépasse le seuil de tolérance, il faut faire des comptages. Le comptage le plus simple est de placer sur le plancher de chaque ruche une plaque sur laquelle les varroas morts tombent et se déposent. Et après quelques jours, de compter le nombre d’acariens présents sur cette plaque. Pour gagner en précision, on peut aussi compter les varroas vivants qui se trouvent fixés sur les abeilles adultes. Il s’agit du comptage des varroas phorétiques. On mélange un échantillon d’abeilles avec du sucre glace. Les varroas chutent des abeilles et se retrouvent dans la poudre blanche. On peut alors les dénombrer.
Lorsque le seuil critique est dépassé, l’apiculteur procède à un traitement. La plupart des éleveurs utilisent des bandelettes imprégnées avec un acaricide puissant, l’amitraze. Mais des substances naturelles entrent aussi dans la préparation de médicaments moins nocifs pour l’environnement : acide oxalique et acide formique.
Dans tous les cas, il est obligatoire d’employer des médicaments vétérinaires qui font l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (une AMM) et de suivre les précautions d’utilisation. Car ces substances actives peuvent être dangereuses pour l’apiculteur, si elles ne sont pas correctement utilisées.
La lutte contre le varroa nécessite de bien connaître sa biologie et de comprendre la dynamique de sa population. Et surtout de ne pas sous-estimer son pouvoir de destruction. Là encore, une formation théorique en apiculture est importante.
Pour résumer
L’apiculture est une pratique accessible au plus grand nombre. Les lois en France sont favorables à l’implantation des ruches à la campagne, mais même en ville. L’investissement initial pour aménager un rucher de deux ou trois colonies et s’équiper correctement est compris entre 600 et 1000 euros. Ainsi, beaucoup de néophytes achètent des ruches et des essaims sans réflexion préalable et sans connaître les principaux problèmes de l’apiculture.
Les trois causes principales d’échec en apiculture sont :
- La peur des piqûres d’abeilles
- Les frelons asiatiques
- Les infestations en varroas
Cette méconnaissance des abeilles et de leurs ravageurs (parasites ou prédateurs) est à l’origine chaque année d’échecs prématurés ou des découragements progressifs de centaines d’apiculteurs débutants. Toutefois, avec une formation préalable au sein d’un rucher-école et en suivant une formation en ligne, on peut mettre toutes les chances de son côté. Et profiter des abeilles et de leur miel pendant de nombreuses saisons.
Nous espérons que la lecture de cet article ne vous aura pas détourné de votre projet apicole. Mais au contraire, qu’il vous aura efficacement renseigné sur les principales difficultés en apiculture de loisir.